mardi 3 mai 2011

Le maire de Bogotá suspendu trois mois

Samuel Moreno, membre du Poló Democratico Alternativo (gauche plurielle), le maire de Bogotá depuis 2007, a été suspendu aujourd'hui pour une durée de trois mois en raison du retard et d'irrégularités présumées dans les grands travaux qui sont à l'œuvre dans la capitale, et pour lesquelles il fait l'objet d'une enquête pénale. Après l'incarcération il y a peu des frères Nule, les entrepreneurs chargés de l'élargissement de la 26 (la grande avenue qui coupe Bogotá en deux sur un axe est-ouest et relie le centre à l'aéroport), puis du propre frère du maire, l'ex-sénateur Ivan  Moreno, accusé par les Nule d'avoir perçu une commission sur les travaux publics, le scandale de corruption et de mauvaise gestion de la restructuration de la capitale touche donc maintenant son principal édile. 

Bogotá, 1er mai 2010. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Décidée ce matin par le procureur général de la Nation, doté d'un pouvoir de sanction administrative, la suspension de Samuel Moreno intervient à six mois des élections municipales, ce qui fait dire à certains que le geste est politique, et vise à priver le maire du bénéfice dans l'opinion de l'inauguration du Transmilenio, le système de transport en commun de surface dont le nombre de lignes va prochainement doubler, en ne lui laissant que le ressentiment des habitants excédés par les embouteillages occasionnés par les travaux (embouteillages touts relatifs d'ailleurs, pour ceux qui connaissent les bouchons parisiens...).

Bogotá, le 24 octobre 2006. Le Transmilenio traversant le Parc des Journalistes. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Pour remplacer provisoirement le maire dans ses fonctions, le président de la République Juan-Manuel Santos à nommé sa ministre de l'Education, Maria Fernanda Campo, pourtant déjà bien occupée avec la réforme de la loi 30, qui doit permettre l'entrée de capitaux privés dans les universités publiques,  et qui lui vaut un conflit durant déjà depuis plusieurs semaines avec les étudiants qui dénoncent une privatisation masquée de l'Education Supérieure. Décrite comme une bureaucrate proche du Parti Conservateur, Maria Fernanda Campo a été directrice de la Chambre de Commerce de Bogotá pendant dix ans, ce qui a fait dire au président qu'elle était "la personne au sein du gouvernement qui connaissait le mieux Bogotá" et qu'avec elle la capitale "serait en de bonnes mains". 

Bogotá, le 21 juillet 2010. Travaux sur l'Avenida 26, un des principaux axes est-ouest de la capitale. Photo : D. Fellous/libre arbitre

Mon chauffeur de taxi de ce matin paraissait douter que le changement de maire diminue la quantité d'argent détournée par les maitres d'œuvres, fluidifie le trafic routier, ou même accélère les travaux ; et d'ajouter pour conclure : "Si l'on devait suspendre tous les élus colombiens qui souffrent de retards dans l'exécution des travaux publics, il y aurait beaucoup de sièges à renouveler..."

  
Pour comprendre quelque chose à l'affaire de détournement de fonds publics tournant autour des frères Nule, appelée dans la presse locale "le manège des contrats", vous pouvez vous référer au document multimédia (en espagnol) élaboré par El Tiempo pour tenter d'en simplifier la mécanique.

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